La "poudre de succession", prisée des héritiers trop pressés, est aussi un médicament très efficace contre une forme rare de leucémie. Mais des brevets américains ont rendu le traitement hors de prix.

L'arsenic ? C'est pourtant grâce à ce poison qu'il est possible de guérir une forme rare de cancer du sang : la leucémie aiguë promyélocytaire. Derrière ce paradoxe, se trouve une étonnante aventure scientifique et humaine franco-chinoise, entachée cependant par le dépôt d'un brevet sur l'utilisation d'une substance millénaire qui rend extrêmement coûteux ce traitement si simple.

Les Borgia, Marie Besnard ou, en littérature, Madame Bovary ont employé l'arsenic. Un poison plébiscité du fait de son efficacité doublée d'une absence totale de goût. Baptisé "poudre de succession" au XVIIe siècle, car il accélérait l'accès à un héritage, l'arsenic est présent dans la pharmacopée depuis l'Antiquité. Hippocrate l'employait quelque 400 ans avant notre ère pour soigner les ulcères cutanés. Depuis lors, Grecs et Chinois s'en sont servis pour traiter la syphilis, le cancer, la tuberculose, le paludisme...

A la fin du XIXe siècle, la liqueur de Fowler, solution d'arsenic dans du bicarbonate de potassium, occupe une place de choix comme tonique, une indication qui n'est plus réservée aujourd'hui qu'aux chevaux. L'arrivée des antibiotiques et des chimiothérapies détrôna l'arsenic médicament.

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